Quelle gouvernance pour une performance plus durable ?

Si les grandes entreprises ont pris de l’avance sur les sujets ESG, désormais, même les petites structures n’échappent plus à ces enjeux. « Aujourd’hui, adopter un positionnement durable est crucial pour une société, que ce soit pour attirer les talents, pour obtenir des financements bancaires, pour pouvoir répondre à certains appels d’offres, souligne Virginie Chauvin, associée et membre du ComEx de Mazars en France. Il y a une forte attente de toutes parts pour que les entreprises démontrent qu’elles structurent leur politique de durabilité, et que leur développement économique ne se fait pas au détriment des piliers ESG. »

Séverine Esser-Bonjean, associée chez Mazars, constate être de plus en plus sollicitée sur ces thèmes : « Dans la plupart des entreprises, c’est de plus en plus le département Finance qui est à la manœuvre sur ces sujets, notamment en raison des obligations de reporting extra-financier. Cependant, mener une réelle politique durable dépasse évidemment ce champ.Il faut adopter une vision globale, l’inscrire au cœur de la stratégie de l’entreprise, et ne surtout pas se cantonner aux seuls départements Finance ou RSE ».

Les KPIs, indispensables pour mesurer la progression

Par où commencer ? Pour Séverine Esser-Bonjean, il faut mener cette transformation durable comme n’importe quel projet de conduite du changement : « Un bon moyen de débuter est de réaliser un diagnostic, puis de définir l’ambition que l’entreprise se donne, comme cela peut être fait pour d’autres chantiers majeurs de transformation ». Cela nécessite comme pour tout projet de grande échelle, d’écrire une feuille de route claire et d’allouer des ressources suffisantes en termes de compétences, d’outils et de moyens financiers.

En outre, comme tout projet de transformation, celui-ci doit être mesuré, chiffré, objectivé : « La création d’indicateurs pertinents est une étape cruciale, souligne Virginie Chauvin. Il est indispensable de disposer de données fiables et unifiées. Au-delà de la donnée brute, l’enjeu est bien de pouvoir mesurer les progrès de la société sur la trajectoire qu’elle s’est fixée ».

Le conseil d’administration donne le ton

Si les collaborateurs, managers et dirigeants de la société adhèrent à ce projet de transformation, c’est bien au conseil d’administration d’impulser le changement. « Il faut que la gouvernance soit convaincue de la nécessaire transformation des entreprises », martèle Virginie Chauvin. « Cela nécessite que tous les membres des conseils d’administration soient formés à ces thématiques: aux trajectoires carbones en priorité, à la biodiversité, aux impacts de l’activité de l’entreprise sur l’environnement, à l’économie circulaire...Sans oublier la réglementation, qui évolue constamment ». Le renouvellement des membres du conseil constitue l’occasion de promouvoir des talents et compétences pointues sur ces sujets. La création de comités spécialisés fait également partie des bonnes pratiques à explorer. Pour maintenir le cap, il est nécessaire d’aligner l’ensemble des managers sur des objectifs communs, et associer la performance à des objectifs durables.

« La transformation durable est un sujet de confiance, souligne Virginie Chauvin, et cette confiance ne peut s’obtenir sans une démarche structurée. Le rôle d’un cabinet externe peut être indispensable pour soutenir l’entreprise dans sa démarche. » Enfin, face à un chantier qui peut sembler colossal, Séverine Esser-Bonjean rappelle l’importance d’inscrire ce projet dans le temps long : « Une transformation requiert du temps et des convictions. Il faut des améliorations étape par étape, marquer une progression et prendre le temps de bien faire les choses ! ». 

Article de la série Transformations durables, réalisée par Mazars en partenariat avec La Tribune.