A l’heure du Covid-19, qu’en est-il du « Modern ERP » ? Stop or Go ?

Le 19 mai 2020 |
En 2020, 52 % des entreprises françaises ont un ERP de plus de 10 ans. Cette ancienneté porte en elle une « dette technique » qui complexifie le lien vers des outils de digitalisation des flux , empêche de mettre en place la mobilité de type ATAWAD (« any time, anywhere, any device »), des ERP anciens qui ne jouent pas leur rôle de « socle applicatif et technique » pour la Transformation digitale. Le monde des ERP nous renvoie aux années 1990, a des systèmes et des projets lourds et complexes, couteux.
A l’heure du Covid-19, ne devrions-nous pas changer de regard ? Depuis le début du confinement, nous évoluons dans un monde digital en oubliant l’essentiel, le physique. Certes, nous sommes face à nos écrans… mais pourtant suspendus aux chaines de fabrication. Aujourd’hui interdépendants, ces deux mondes, le physique et le digital, nécessitent pour les entreprises de recourir à un ERP augmenté, le « Modern ERP ».
Sous l’effet conjugué des innovations successives des fournisseurs d’ERP et des défis inhérents à cette crise économique, quelles questions se posent pour cet outil et sur les réflexions menées à son sujet ?

Des questions et enjeux

Des éditeurs historiques chahutés, mais qui restent des points de référence essentiels avec une capacité d’intégration de solutions dédiées

Les éditeurs de référence que sont SAP et ORACLE se veulent incontournables, par la robustesse de leur solution, leur emprise sur le marché et l’écosystème qui les accompagne.

Depuis cinq ans, ces éditeurs travaillent sur :

  • L’intégration fonctionnelle et technique des différentes solutions rachetées
  • La mise à disposition de leur solution dans le Cloud avec le modèle économique du SaaS, dans un discours cependant assez clivant avec les nouveaux clients, faute d’alternative
  • Une interface utilisateur simplifiée et ergonomique,
  • l’intégration de solutions de type Best of Breeds

Des nouveaux entrants agiles et prometteurs dont les offres orientées « métier du service » sont intéressantes et robustes… mais les écosystèmes d’intégrateurs sont faibles

Les nouveaux entrants sont très séduisants de par leur offre « pure Cloud », leur modèle économique, leur facilité d’appropriation et leur ergonomie.

Force est de constater l’arrivée à une certaine maturité des offres logicielles sur le métier du service : ces ERP représentent de vraies alternatives aux éditeurs historiques. Ils peuvent en effet accompagner les grandes sociétés du service qui s’industrialisent et sont à la recherche d’un outil à la fois dédié à leur secteur et adapté à la gestion des affaires complexes, à l’instar des solutions comme IFS.

Cependant, choisir ces solutions, c’est aussi se poser la question de l’écosystème intégrateur et plus globalement des ressources disponibles sur le marché. C’est pourquoi le choix de l’outil ne peut être dissocié du choix de l’intégrateur ; c’est un couple à créer.

Un monolithisme de l’ERP qui n’existe plus dans les faits

Ce qui a changé en 30 ans, c’est la fin de l’ERP monolithique, unique, prépondérant. Grâce à l’énergie créatrice impulsée par l’avènement des technologies, des éditeurs de solutions et des développements d’applications sur smartphone, le monde de l’ERP a évolué. Il a été grignoté ou enrichi – selon le point de vue – par des applications métiers dédiées, des applications de digitalisation de processus, de data viz, mais aussi par la robotisation et l’intelligence artificielle.

Le concept du « one ERP for everything » est obsolète. Il convient dorénavant de parler d’hybridation du paysage logiciel, l’ERP devenant ainsi une plateforme d’intégration.

Un concept du Cloud porteur d’opportunités mais aussi de risques

Les nouveaux entrants clament les vertus du modèle du SaaS, c’est-à-dire à la fois un modèle de facturation (location au lieu de l’achat) et un modèle métier. En effet, les clients de ces solutions ne peuvent plus en faire évoluer les fonctionnalités et doivent se contenter de simples paramétrages.

Un discours prometteur mais aussi porteur de challenges : l’équation économique ne semble pas toujours gagnante sur la durée, cependant il est clair que cette innovation constitue une opportunité de simplifier et de standardiser les processus et de réduire ainsi les spécifiques,

Une ambition et des drivers métiers toujours prépondérants, une quête de simplification et un point d’interrogation autour des référentiels de données 

Dans notre monde complexe, la recherche de simplification des processus et d’harmonisation prédomine. Une tendance qui devrait être accélérée par la crise du Covid-19. Mais cette harmonisation ne signifie pas « un core model unique ». En effet, l’uniformisation recherchée avec les « Modern ERP » dépendra du niveau d’intégration existant dans les solutions en place et la capacité des métiers à remettre en cause leur pratique existante.

Cependant, un sujet récurrent est au cœur de l’actualité de ces projets de « Modern ERP » : la gestion de la donnée. Un projet de mise en place du « Modern ERP » sera l’occasion d’une réflexion sur l’urbanisation des systèmes, de la gouvernance et des processus de gestion de la donnée entre les métiers et la DSI, le « Modern ERP » et l’ensemble des applications métiers.

Le financement et les risques juridiques : deux sujets à traiter au plus vite

Qu’il soit question de Cloud ou non, de facturation SaaS ou non, ce qui ne change pas, c’est la facture globale ! Ces projets restent très engageants financièrement et leur ROI s’évalue sur le long terme.

Si l’on compare le « Modern ERP » à celui des années 2000, deux éléments demeurent aussi importants qu’inchangés. D’un côté, la construction d’un business case robuste et réaliste avec des KPI de performance et d’avancement, de l’autre, la question du financement : utiliser Le fonds de roulement de l’entreprise, passer par une banque ou un organisme… Différentes options existent.

L’hybridation de l’ERP, le déploiement des infrastructures en Cloud et la facturation posent des questions de responsabilité et de risques qui doivent elles aussi être abordées au plus tôt. Une multiplicité de fournisseurs et de typologies de contrat font ainsi face à des clients désireux de limiter leur responsabilité, d’où la nécessité d’intégrer des juristes dès le début du projet.

Un dispositif d’accompagnement des utilisateurs et des managers au plus près de la réalité terrain

Dans les premiers projets ERP, la communication supplantait parfois la pédagogie. Bonne nouvelle, le recours à la deuxième génération d’ERP va de pair avec un accompagnement du changement plus pragmatique, plus concret et davantage orienté terrain.

Pour mener à bien l’indispensable change management, un impératif : embarquer toutes les équipes – du chef de service aux opérationnels – dans les nouvelles missions et tâches, mener des analyses d’impacts sur les usages et sur le langage commun, d’identifier ce qui ne sera fera plus, etc.

Ces quelques convictions posées, une question essentielle demeure depuis le 16 mars 2020 : quel sera l’effet de cette crise économique majeure sur les réflexions autour des « Modern ERP » ? Est-ce que ce que le modèle en place depuis 30 ans – dont les solutions reconnues, rassurantes et robustes sont caractérisées par la sécurisation des flux et des données mais un coût élevé – basculera vers un modèle plus frugal de type Open Source ? Est-ce les offres SaaS sont le bon point d’équilibre entre ces deux mondes ?  L’attentisme prédominera-t-il ? Les réponses se trouvent aujourd’hui dans les mains des entreprises.

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Accéder au replay du webinar « Covid-19 : qu'en est-il du "Modern ERP", Stop or Go ? » (29 juin)

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