« Comment faire du travail à temps partiel un levier de féminisation des instances dirigeantes ? »

Le 21 mars 2023 |
Le travail à temps partiel est l’objet de nombreux griefs et idées reçues. Trop souvent perçu comme un pis-aller, il pourrait pourtant constituer un levier efficace pour lutter contre le manque de mixité dans les instances dirigeantes, à condition qu’il s’inscrive dans une politique paritaire globale et ambitieuse.

Un outil encore peu plébiscité par les dirigeants

Peut-on travailler à temps partiel tout en exerçant un poste exigeant ? Dans l’imaginaire collectif, le travail à temps partiel est encore associé à un manque de qualifications, voire à une peur de l’engagement. Dans ces conditions, il peut être difficile de l’imaginer compatible avec les fonctions à hautes responsabilités.

Force est de constater que le travail à temps partiel pénalise également les femmes qui ambitionnent d’atteindre le top management. La fragmentation du temps de présence dans l’entreprise accentue encore les difficultés des femmes à networker et à prendre part aux interactions sociales indispensables, même si l’avènement récent du télétravail a rebattu les cartes sur la culture du présentéisme. Ces freins, loin d’être anecdotiques, expliquent en partie le faible recours des cadres à ce type de contrat souvent dévalué.

Un dispositif de rétention des talents

Pourtant, lorsqu’il est choisi et non subi, le travail à temps partiel constitue un formidable outil pour les salariés qui aspirent à mieux concilier vie familiale et professionnelle. Sa normalisation serait certainement jugée salvatrice par de nombreuses personnes qui pourraient trouver un meilleur équilibre en passant plus de temps en famille ou en consacrant du temps à une passion. Toutefois, il ne serait pas acceptable que le recours au temps partiel revienne à concentrer la même charge de travail dans un laps de temps réduit, et pour un salaire diminué. Pour éviter cet écueil, cette initiative doit donc s’accompagner de véritables changements structurels et organisationnels, en faveur de l’égalité femmes-hommes.

Il relève de la responsabilité des entreprises de créer les conditions favorables à cette égalité, en conjuguant des mesures d’accompagnement avec une politique résolument inclusive à l’égard des collaborateurs à temps partiel : adaptation des horaires de réunion, prise en compte de l’agenda de ces collaborateurs lors de l’organisation d’évènements professionnels et extra-professionnels, etc.

À l’instar du télétravail, le travail à temps partiel doit cesser d’être une exception dont le recours doit être motivé, voire justifié. S’il ne constitue pas l’Alpha et l’Omega d’une politique paritaire, il s’agirait cependant d’une étape significative pour éviter l’opting out, ce phénomène par lequel les femmes qualifiées se détournent des fonctions exécutives. Les entreprises ont donc tout intérêt à donner de la visibilité à ce dispositif pour en faire un véritable levier d’attractivité des talents, notamment féminins.

Article paru dans Les Echos

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