Interview: Sébastien Clerc, CEO de Voltalia

Sébastien Clerc, CEO de Voltalia, producteur d'électricité à base d'énergies renouvelables, répond aux questions de Mazars et revient sur ses choix d'implantation, le financement des ENR, et le mix énergétique français.

 

 

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots la société Voltalia ? Pouvez-vous nous détailler vos choix en matière de mix énergétique ?

Sébastien Clerc : Voltalia est un producteur d'énergies renouvelables, notre chiffre d'affaire provient de la vente d'électricité, nous sommes présents sur quatre types d'énergie : l'éolien, le solaire, la petite hydroélectricité et la biomasse. Pourquoi ces énergies plus que d'autres ? Principalement parce qu'elles sont les énergies renouvelables les plus compétitives, par opposition par exemple à l'éolien offshore ou aux hydroliennes, qui coûtent beaucoup plus cher à produire en termes de KWh.

Votre Groupe est maintenant implanté dans 4 pays : en France, en Grèce, en Guyane et tout récemment au Brésil. Comment se sont fait ces choix d’implantation ? Avez-vous pour ambition de développer votre présence dans d’autres pays ?

Sébastien Clerc : Voltalia est en effet implantée dans quatre zones : la France, la Grèce, le Brésil et la Guyane. Pourquoi ces pays ? C'est parce que les énergies renouvelables s'y développent de façon durable, sur le long terme, et justifient la présence d'équipes locales, présence qui est une marque de fabrique. Nous allons d'ailleurs nous implanter dans de nouveaux pays, avec un objectif de deux nouvelles implantations au cours des deux prochaines années. Un de nos critères de choix est la bonne implantation locale de nos projets. Nous souhaitons que nos centrales, qu'elles soient éoliennes, hydrauliques, solaires ou biomasses, soient utiles à la communauté dans laquelle elles s'intègrent, que la population puisse bénéficier de retombées économiques et plus généralement accepte bien le projet.

Voltalia prévoit d’importants investissements dans la construction de centrales. Quel est, selon vous, le meilleur moyen aujourd’hui de se financer pour un acteur des ENR ?

Sébastien Clerc : Voltalia est en train de mettre en place un plan d’investissement important : plus de 500 millions sur 3 ans. Selon moi, les meilleurs moyens de se financer ce sont, bien sûr, les banques ; l'accès à l'aide bancaire est devenue critique depuis la crise financière de 2008. Pour que les financements bancaires restent possibles en France comme dans les autres pays, il faut des réglementations stables et donc sécurisantes pour les prêteurs.

Comme vous le savez, la part des ENR dans le mix énergétique était de 11,5% en 2011 et l’objectif pour 2020 a été fixé à 23%. Que pensez-vous de cet objectif ? Est-il réaliste ?

Sébastien Clerc : Cet objectif est réaliste et pourtant il ne sera pas atteint faute d'une volonté politique suffisante en certains états européens. Parmi les grands pays européens la France est sans doute celui qui sera le plus en retard et il va falloir mettre les bouchées doubles pour arriver à atteindre notre objectif. Un exemple : en France, on attend entre 4 et 7 ans pour obtenir des permis de construire pour des éoliennes - et plus souvent 7 ans que 4. A ce rythme, il faudra attendre des dizaines d'années pour atteindre notre objectif.

Quels sont, d’après vous les grands enjeux du Secteur des énergies renouvelables ? Politique, économique, environnemental, concurrentiel (accès aux sites d’implantation), technologique ?

Sébastien Clerc : Il y a bien sûr les enjeux climatiques et de création d'emploi grâce à une filière des énergies renouvelables mais j'aimerais évoquer un troisième enjeu dont on parle moins et qui est pour moi tout aussi important : l’indépendance énergétique. Avec les énergies renouvelables, on ne dépend plus d'importations de matières premières et il s'agit donc d'un enjeu géopolitique fondamental pour l'Europe.