Supply chain : faire la différence avec le digital

Le 2 avril 2024 |
Délais toujours plus courts, instabilité géopolitique, demande du e-commerce, impératifs de traçabilité des biens transportés et de diminution de l’empreinte carbone… La supply chain fait aujourd’hui face à de nombreux défis. L’enjeu est également financier, à l’heure où les prestations logistiques représentent une part de plus en plus importante dans le coût total des produits. Dans ce contexte, une supply chain digitale, adossée à l’intelligence artificielle (IA) et à la donnée, représente un avantage concurrentiel évident pour les logisticiens et retailers qui souhaitent optimiser leurs opérations et prendre de meilleures décisions face aux fortes variations d’activités.

Outils digitaux et maîtrise de la donnée : piliers d’une supply chain optimisée

La chaîne logistique, ou supply chain, fonction stratégique de l’entreprise, fait face à de nouveaux défis. Dans un contexte fortement concurrentiel, les organisations doivent inévitablement transformer leur chaîne d'approvisionnement. La digitalisation de la supply chain, offre un avantage compétitif non négligeable pour leur activité. 

En matière de chaîne logistique, l’impact des facteurs temps et volumes est tel que le digital apparaît incontournable pour lier toutes les dimensions de la supply chain.   

Depuis la digitalisation du secteur dans les années 2000 et la démocratisation massive des systèmes de gestion d’entrepôts (WMS) ou de transports (TMS), le secteur logistique génère des quantités toujours plus importantes de données.  L’avènement du Big Data et de l’intelligence artificielle (IA)  permet aujourd’hui de valoriser ces données auparavant inexploitables du fait de leur volume et de leur disparité.

En s’appuyant sur une gouvernance de données robuste, les entreprises peuvent tirer parti de ces flux de données pour définir de nouveaux cas d’usages concrets, à tous les niveaux de pilotage :

  • Stratégique (à horizon 1 an) : des modèles prédictifs donnant aux logisticiens de nouveaux outils stratégiques (support de prise de décision, simulations macro-économiques…).
  • Tactique (à horizon 3 mois) : des planifications plus pertinentes (tableaux de bords, KPIs) et une meilleure coordination et automatisation des tâches qui restaient auparavant en silos.
  • Opérationnel (à horizon très court terme) : une collecte des données en temps réel, permettant de mieux gérer les risques opérationnels (aléas de transports, indisponibilités de ressources) et d’améliorer la traçabilité des produits transportés.

Si l’innovation digitale adossée à l’exploitation de la donnée permet de fluidifier et d’organiser les opérations, elle permet également à l’entreprise de réaliser un saut de performance sur ses principales dimensions organisationnelles, en améliorant la relation client, en optimisant les opérations de transport, et en automatisant les tâches administratives.

Le digital au service de l’expérience client : repenser les offres du secteur logistique

Aujourd’hui, les nouvelles exigences des clients en matière de délais, de traçabilité et de qualité de service, obligent les entreprises à réinventer leurs modèles. Ces exigences doivent être prises en compte sur l’ensemble de la chaîne logistique.

Côté B2C, certains géants du e-commerce en ont fait leur proposition de valeur, en s’appuyant sur l’Intelligence Artificielle pour améliorer leurs processus :

  • Sur le plan de la logistique opérationnelle :  avec le développement de systèmes robotisés intelligents équipés d’IA, capables de reconnaître les millions d’articles qui transitent dans un entrepôt, réduisant ainsi le délai de traitement des commandes ;
  • Sur le plan commercial : avec l’utilisation d’un moteur de prévision des ventes, capable d’exploiter des algorithmes prédictifs en intégrant les paramètres de demandes internes (volumes de l’année précédente, tendances…) et externes (indicateurs économiques, données géopolitiques…).

Côté B2B, nous pouvons citer le concept émergent du Mobility-as-a-Service (MaaS), appliqué au domaine du fret. Nous connaissons le MaaS appliqué aux mobilités urbaines, dont l’objectif est d'offrir aux usagers un service intégré, complet et simple, offrant la possibilité de combiner plusieurs modes de transport via une solution digitale unique (avec moteur de recherche, module de réservation et paiement). Le MaaS du fret opère sur le même principe, à la différence près qu’il s’adresse aux logisticiens et retailers. L’objectif : leur proposer de constituer leur chaîne d’approvisionnement et acheminer leurs marchandises en combinant différents modes de transport. Comme pour le MaaS des usagers, une des conditions de mise en œuvre demeure l’ouverture des données, et donc la mise en concurrence des acteurs.

Digital et opérations de transport : œuvrer pour une maîtrise de bout-en-bout

L’apport du digital au domaine du transport donne naissance à de nouveaux cas d’usage permettant d’optimiser la supply chain, aussi bien d’un point de vue stratégique que tactique et opérationnel.

Citons quelques exemples de cas d’usage d’actualité :

  • Le processus SCE (« Supply Chain Execution System »):  un système d’information global couvrant la totalité des processus d’une chaîne logistique, de l’exécution des commandes à la gestion des entrepôts, jusqu’au transport. En mettant à disposition une plateforme unique, le système SCE permet de mieux gérer les ressources (capacités d’entreposage, taux de remplissage), de rationaliser les coûts et d’offrir une expérience simplifiée à l’utilisateur.
  • Le calcul de l’impact environnemental du transport : la collecte des données opérationnelles (distances parcourues, poids chargés, modes de transport) donne aux logisticiens la capacité d’évaluer finement leur impact environnemental. L’usage de la donnée s’inscrit ainsi dans une recherche d’efficacité énergétique visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone dans l’air. Un facteur clé de décision concernant l’optimisation  des flux logistiques.
  • L’Intelligence Artificielle (IA) et les algorithmes prédictifs :  ces outils stratégiques permettent aux logisticiens d’anticiper et de simuler des scénarii économiques, sur un marché fortement dépendant des paramètres externes (taux de fret, volumes des demandes, risques géopolitiques…).

Digital et tâches administratives : vers davantage d’automatisation 

Enfin, la transformation digitale de la supply chain  ne se limite pas aux opérations et à la relation client.  Elle doit se répercuter sur l’ensemble de l’organisation et sa chaîne de valeur, jusqu’aux tâches administratives.

  • La transformation digitale du back-office permet de réaliser plus efficacement, plus économiquement et avec moins d’erreurs de nombreuses tâches chronophages et à faible valeur ajoutée. Elle peut se traduire par une dématérialisation de la gestion des documents (bons de commande, océrisation des factures…),
  • Une digitalisation du processus de réconciliation financière et administrative (par exemple, entre les bons de commande et les factures établies).
  • L’automatisation de la gestion des opérations douanières, une meilleure traçabilité des flux (suivi des commandes, de leur acheminement, d’éventuelles avaries…) en tentant de se rapprocher au maximum d’un suivi en temps réel.

En définitive, le digital et la donnée ouvrent des opportunités considérables en termes de performance chez les logisticiens. Plus particulièrement, les cas d’usage liés à l’IA, bien qu’encore à leurs balbutiements, entraîneront sans aucun doute de profondes mutations dans le paysage de la logistique.

Pour autant, les entreprises ne pourront en tirer profit qu’à condition de répandre une véritable culture data, dont les maîtres mots sont « qualité » et « gouvernance ». L’enjeu de ces prochaines années sera de trouver la bonne complémentarité entre capital humain et capital technologique, afin d’entrer dans un marché plus transparent via l’ouverture des données tout en maintenant la place des talents au sein de l’entreprise.

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