Fintech : des atouts français à faire valoir à l’international

Le 11 mars 2019 |
Avec au rendez-vous plus de 2600 visiteurs, 220 dirigeants et 150 fintechs provenant de plus de 60 pays, le Paris Fintech Forum a, cette année encore, battu des records de fréquentation. Un succès qui ne fait que traduire la puissance de ces startups qui, grâce aux technologies de rupture, réinventent la finance et bouleversent de plus en plus le paysage bancaire traditionnel en replaçant l’individu au cœur du système.
Alors que l’écart se creuse au sein du vivier de fintechs entre la poignée de startups parvenue à sortir du lot et toutes les autres, les GAFA ont investi le marché avec des solutions faisant à la fois concurrence aux fintechs et aux banques traditionnelles. Dans ce contexte inédit et en perpétuel mouvement, la fintech française, qui ne s’est pas encore pleinement affirmée sur la scène internationale, a clairement une carte à jouer.

Les fintechs tricolores en quête de fonds à l’heure de l’arrivée des GAFA

Ces dix dernières années, les startups ont bénéficié d’un environnement et d’une effervescence favorables à leur multiplication et à leur développement. En témoignent les 350 fintechs dénombrées dans l’Hexagone en 2018 ainsi que l’évolution exponentielle des sommes levées par ces jeunes pousses : 5 millions d’euros en 2010 contre 365 millions en 2018, une progression considérable. Le nombre croissant de deals et de levées de fonds a d’ailleurs permis à certaines fintechs françaises d’entrer dans une seconde phase de développement et de s’internationaliser, de quoi se réjouir.

Toutefois, si les levées de fonds sont de plus en plus importantes chaque année en France, le pays accuse un retard qu’il se doit de rattraper s’il entend s’imposer davantage à l’échelle mondiale. En effet, quand les fintechs françaises lèvent 365 millions d’euros en un an et à travers 72 opérations, certaines étrangères – dont quelques européennes – ont démontré leur capacité à amasser bien plus à elles seules… d’un seul coup.

Cette concurrence mondiale accrue couplée aux financements des fintechs françaises globalement insuffisants sont autant de facteurs à l’origine de la division du vivier en deux catégories. D’un côté, les startups qui ont réussi à rassembler les fonds nécessaires à leur développement au point d’atteindre une taille critique, de l’autre, celles qui sont restées sur le bord de la route et qui finiront probablement par être rachetées… ou par disparaître. Alors que la première catégorie de fintechs distancie chaque jour un peu plus la seconde, il est peu probable que le clivage cesse de s’accentuer.

Si les fintechs ont redynamisé le secteur bancaire grâce à leurs solutions innovantes et customer centric au point de coopérer avec les banques traditionnelles, la compétition est en revanche bien réelle avec les GAFA et tend à s’intensifier. C’est aujourd’hui tout un modèle ancré, historique et culturel qui se transforme, d’où les questions de fond et incertitudes soulevées à la fois par les experts et le grand public. A juste titre ?

Développeurs, mathématiciens, centres R&D, French Tech… : la France ne manque pas de potentiel

Les fintechs sont caractérisées par de nombreux atouts : recours à des outils de pointe, flexibilité, compréhension de la place centrale que doit occuper l’UX, parfaite maîtrise de la data – leur génèse, contrairement aux banques – et donc des aspects RGPD qu’elles n’ont pas subi et sur lesquels elles ont même parfois bâti leur modèle… S’ajoutent à ces avantages concurrentiels communs et non exhaustifs deux atouts français : la qualité de la main d’œuvre – hautement qualifiée – et le climat favorable au développement des technologies de rupture telles que l’IA et la Blockchain, entre autres.

Riche de son savoir-faire et de ses compétences, la France peut se targuer de disposer d’une offre de formation de qualité et de compter nombre d’institutions prestigieuses, notamment des écoles d’ingénieurs sélectives, réputées et très bien classées à l’échelle mondiale. Les hommes et les femmes qui en sont issus composent aujourd’hui un véritable vivier de professionnels très qualifiés, dont d’excellents développeurs et mathématiciens : une force dont ne jouissent pas tous les pays et sur laquelle la fintech française doit capitaliser.

En outre, la France est également en excellente position en matière d’IA. Entre l’investissement public de 1,5 milliard d’euros dédié à son développement, les créations successives de centres R&D en IA fondés par des géants du numérique – Facebook, Fujitsu, Google, IBM et Samsung – et les écosystèmes dynamiques de la French Tech ou des clusters, force est de constater que l’Hexagone se donne les moyens de ses ambitions. Autant de raisons pour lesquelles la fintech française détient, à l’évidence, les ressources humaines et technologiques nécessaires à son avènement à l’international.

Les nouvelles attentes des consommateurs et l’urgente nécessité d’innover pour repenser le modèle établi sont autant de motivations et d’opportunités pour notre fintech, ses talents et son rayonnement. Pour l’heure, seules quatre licornes sont européennes : aucune d’entre elles n’est française. Et si l’assurtech et la regtech, nouveaux segments porteurs favoris des investisseurs nous permettaient de changer la donne ?

Article paru dans Les Echos

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