Coliving : effet de mode ou tendance de fond ?

Le 28 mars 2022 |
Face à la hausse généralisée des loyers et à la montée de l’isolement social, le coliving séduit de plus en plus de personnes, notamment les étudiants, jeunes actifs et seniors. Né dans les années 2000 sur la côte ouest des États-Unis, et apparu dès 2017 en France, le coliving est une forme de colocation moderne associant confort, flexibilité et services. Il s’adresse à tous ceux qui vivent seul, souhaitent créer du lien et/ou ne disposent pas du budget nécessaire à la location d’un logement individuel. Quels sont les caractéristiques, avantages et inconvénients du coliving ? Comment se porte ce marché en 2022 ? S’agit-il d’un effet de mode ou d’une réelle tendance de fond ?

Un modèle avantageux… mais qui conserve les limites de la colocation

Véritable mix entre la colocation et le coworking, le coliving est une colocation 2.0 offrant à ses usagers des espaces privés et partagés ainsi que de nombreux services (Wi-Fi, ménage, parking surveillé, cours de sport…).

Vivre en coliving, c’est vivre avec d’autres locataires (appelés « colivers ») dans un appartement ou une maison tout en ayant une chambre et une salle de bain privatives. Mais la vraie valeur ajoutée du coliving, ce sont les services intégrés : en effet, espaces privés, de travail, de loisirs et de sport, tous aménagés, se côtoient, satisfaisant ainsi le rapprochement conjoncturel entre la vie personnelle et professionnelle. Le coliving ainsi devenu une tendance immobilière post-Covid de premier plan.

La formule de services « all inclusive », propre au coliving, offre aux colivers de réels avantages :

  • Des économies sur le long terme : la formule « all inclusive » permet de réduire les charges. Certains lieux de coliving proposent même des services très spécifiques (liés au bien-être, à la cuisine, à l’expression artistique…) qui, dès lors, contribuent à alléger les factures des adeptes.
  • Des démarches administratives simplifiées : plus besoin de se soucier d’une nouvelle souscription d’assurance habitation ou de l’abonnement internet.
  • Du partage simplifié : grâce au coliving, les locataires ne se soucient plus des contraintes liées à la colocation comme les tâches ménagères.
  • Des rencontres et opportunités tant personnelles que professionnelles : des événements sont régulièrement organisés dans les espaces de coliving, afin de créer du lien. Le coliver a donc l’occasion de rencontrer d’autres personnes et d’autres professionnels (salariés ou freelance) : une source de diversité et de richesse qui peut parfois donner lieu à la création de projets communs.
  • De la flexibilité : la durée du séjour, même courte, n’est pas un frein à la location (les colivers restent dans le coliving en moyenne entre un mois et un an). Certains acteurs du coliving ont même profité de l’essor du nomadisme pour différencier leur offre en limitant la durée des séjours : par exemple, de 3 à 6 mois tout au plus.

Toutefois, malgré ces avantages non négligeables, le concept reste à ce jour perfectible : les colivers vivent avec des inconnus et certains inconvénients, propres à la colocation restent sans solution : incompatibilité des personnalités et modes de vie, intimité limitée, nuisances sonores…

Le marché s’ouvre peu à peu à des publics spécifiques

Le modèle du coliving plaît particulièrementaux jeunes actifs, plus nomades et plus flexibles dans leur travail depuis la crise sanitaire. Cependant, ce mode de vie commence progressivement à éveiller la curiosité de nouveaux publics tant il peut répondre auxenjeux et besoins de nos modes de vie actuels : désir d’échanges sociaux, de flexibilité du logement, d’espaces adaptés au télétravail, de connexion numérique permanente, de normes sanitaires, de sobriété écologique…

Pour convaincre ces nouveaux usagers potentiels, certains acteurs du coliving ont pris le parti de cultiver une spécialité en créant des lieux de vie adressés à des cibles particulières par exemple :

  • coliving réservé aux séniors, afin de lutter contre la solitude des aînés ;
  • coliving pensé pour lesfamilles monoparentales, avec de grandes chambres et du mobilier permettant d’accueillir des enfants en garde alternée ;
  • coliving à destination des entrepreneurs, où l’ambiance start-up se ressent jusqu’au sein du logement.

Où en sont les projets de coliving en France en 2022 ?

En 2022, le coliving continue de gagner du terrainet tout semble indiquer que l’offre sera rapidement absorbée par la demande. Avec 35 dossiers déposés pour une seule chambre en région parisienne, les projets immobiliers de coliving ont le vent en poupe. Au regard de ces derniers, la France pourrait bien compter 14 500 lits en coliving en 2023, alors qu’elle n’en comptait que 2 600 en 2020.  

Concernant la typologie des projets, force est de constater qu’elle varie fortement en raison de la diversité des acteurs et sources de financement : jeunes start-ups françaises, grands promoteurs immobiliers ou spécialistes européens se positionnant tantôt sur de petites maisons tantôt sur de grands immeubles. Cette variété du marché séduit particulièrement les investisseurs qui voient à travers le coliving une opportunité de diversification de leur portefeuille face à la baisse d’attractivité de l’immobilier tertiaire.

S’il faudra attendre encore quelques années pour mesurer la véritable étendue du phénomène, encore naissant en France, il est certain que cette tendance est d’ores et déjà révélatrice de la nécessaire transformation de l’offre immobilière au vu des nouveaux besoins des Français, qui appellent plus que jamais le secteur à se réinventer.

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