Flash BankNews n°48 - Stress tests 2018 du secteur bancaire : les scenarii et hypothèses ont été révélés

Les scenarii et hypothèses relatifs à l’exercice de test de résistance 2018 des banques européennes ont été publiés sur le site de l’European Banking Authority (EBA) en date du 31 janvier 2018, date officielle de lancement dudit exercice.

Pour l’année 2018 ils concerneront 48 banques européennes, dont 33 relevant de la zone euro représentant 70% des actifs bancaires. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé d’étendre ces tests à 4 banques grecques non prévues initialement dans l’échantillon défini par l’EBA. Pour rappel ces tests sont effectués par les banques, lesquelles doivent ensuite transmettre leurs résultats à leur superviseur. À cet égard ils doivent utiliser une méthodologie commune développée par l’EBA, laquelle a été publiée en novembre 2017. Pour mémoire les zones testées sont : risque de crédit, risques de marché, risque opérationnel dont conduite, risque de contrepartie dont CVA, et marge nette d’intérêt.

Les autorités de supervision auront la responsabilité de réaliser le contrôle qualité et la vérification des résultats, préalablement à leur envoi à l’EBA. L’annonce des résultats de cet exercice 2018 se fera au plus tard le 2 novembre 2018, à l'exception des 4 banques grecques pour lesquelles ils seront avancés à mai.

Un exercice encadré par les autorités devenu désormais incontournable

Ce rendez-vous réglementaire, devenu incontournable, s’inscrit pleinement dans les prérogatives du pilier II du cadre prudentiel bâlois lequel régit le processus de surveillance prudentielle. En effet, les tests sont conçus pour fournir aux autorités, aux banques et aux autres acteurs du marché un cadre analytique commun permettant de comparer et d'évaluer systématiquement la résilience des banques européennes aux chocs économiques en estimant l’impact sur leurs profits et niveaux de capital.

Comme lors de 2016, il ne s’agit pas d’un exercice de type « pass or fail », en effet, les résultats des tests doivent permettre au superviseur de calibrer les éventuelles demandes additionnelles de fonds propres au titre du pilier 2 dans le cadre du processus de revue et d’évaluation dit SREP. A cet égard la BCE a annoncé que les banques devront couvrir tout déficit de fonds propres qui résulterait de l’implémentation du scénario de base. En revanche s’agissant du scénario adverse, la BCE fera une analyse au cas par cas pour décider d’éventuelles exigences de fonds propres additionnelles au titre du pilier 2.

Autre point notable, les stress tests incorporent pour la première fois les normes comptables IFRS 9. Ainsi les banques devront anticiper les dépréciations qui résulteraient de l’application du scénario adverse. A cet égard les banques devront considérer des hausses de provisions pour les situations où le provisionnement serait à maturité plutôt qu’à un horizon à 12 mois.

Un scénario adverse dont les hypothèses sont vues comme plus dures qu’en 2016 notamment pour tenir compte des incertitudes liées au Brexit

En tant que comité interne à la BCE en charge de la surveillance des risques macroprudentiels, l’ESRB (Comité européen du risque systémique) a, comme attendu, transmis à l’EBA le scenario adverse que les banques devront utiliser, dont l’horizon temporel s’étale de 2018 à 2020.

L’ESRB considère que ce scénario adverse doit refléter la concrétisation de quatre risques systémiques, considérés par l’institution comme d’importantes menaces pour la stabilité du système bancaire en Europe. Ces risques sont :

  • une importante refonte des primes de risque sur les marchés financiers mondiaux ;
  • les effets négatifs induits par le lien entre manque de rentabilité des banques et baisse de l'activité économique dans l’Union européenne ;
  • la soutenabilité de la dette publique et privée dans un contexte de réévaluation potentielle des primes de risque et d'incertitude politique accrue ;
  • la liquidité dans le secteur financier non bancaire et les potentielles retombées sur l'ensemble du système financier.

Dans l’hypothèse économique la plus adverse, l’UE ferait face à une récession qui se traduirait par un recul de 1,2% du PIB en 2018, de 2,2% en 2019, et d’une faible croissance de 0,7% en 2020. Par rapport aux prévisions actuelles l’UE perdrait 8,3% de croissance, et le chômage augmenterait parallèlement de 3,3 points. De plus cette récession s’accompagnerait d’une chute vertigineuse du marché immobilier de 28% en UE. Quant aux marchés d’actions, ceux-ci reculeraient de 21,5% en 2020, après des chutes brutales de près de 30% en 2018 et 27,2% en 2019.

Concernant la France, les hypothèses dévoilées sont assez proches de celle pour l’Union dans son ensemble. A noter que le PIB chuterait moins qu’à l’échelle de l’Union, en revanche les marchés actions accuseraient sévèrement le coup, à l’instar de l’immobilier commercial et résidentiel (voir détail dans le tableau ci-dessous).

Enfin, quant au scénario de base, celui-ci est conforme aux prévisions des économistes de chaque banque centrale nationale des pays européens. S’agissant des pays tiers, les données prévisionnelles utilisées sont celles du Fonds Monétaire International (FMI).

Tableau FBN_6

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