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IFRS 9 : pilotage du capital réglementaire
Bien que l’adoption de cette nouvelle norme induise de multiples changements, c’est le volet 2 de la norme sur le provisionnement qui a fait l’objet d’une nouvelle consultation du Comité de Bâle le 11 octobre car le nouveau mode de dépréciation aura indéniablement un impact sur le capital réglementaire, à court comme à long terme.
Pour rappel, IFRS 9 engendrera une reconnaissance plus rapide des pertes de crédit, imposant un modèle de « pertes attendues » (Expected Credit Losses – ECL) et non plus de « pertes avérées » comme c’est le cas sous IAS 39, et ce, notamment (a) pour tous les actifs financiers comptabilisés au bilan dès lors qu’ils sont évalués au coût amorti ou à la juste valeur par capitaux propres recyclables, ainsi que (b) pour les engagements de financement donnés et les garanties financières octroyées.
Afin d’anticiper ces impacts, le Comité de Bâle propose donc d’envisager plusieurs scenarii en termes de pilotage du capital réglementaire que nous allons vous exposer dans ce nouveau Flash Bank News.
Avant d’expliciter les potentielles conséquences d’IFRS 9 volet 2 sur le capital réglementaire, voici quelques dates-clés à garder en tête :
A noter que les sociétés d’assurance appliqueront la norme IFRS 9 à compter du 1er janvier 2021, en coordination avec la mise en œuvre de la norme IFRS 4 phase 2 (contrats d’assurance) tandis que le sort des bancassureurs n’est pas encore scellé, l’IASB ayant rejeté l’idée d’un report de l’application d’IFRS 9 tandis que la Commission Européenne devra se prononcer d’ici fin 2016.
Depuis le passage à Bâle II, il existe deux gestions différentes des provisions dans le domaine prudentiel :
Ce mécanisme, bien que désormais rodé au niveau des établissements, présente plusieurs limites, notamment celle relative à la catégorisation entre provisions spécifiques et collectives qui ne repose pas sur un classement comptable et qui diverge d’une juridiction, voire d’un établissement à l’autre, ce qui va à l’encontre de la volonté du superviseur européen, à savoir réduire la variabilité des modèles et promouvoir une plus grande harmonisation au sein des banques européennes (principe du level playing field).
Même si les impacts ne sont pas encore véritablement connus, on s’attend à ce que l’entrée en vigueur d’IFRS 9 entraîne globalement un impact négatif significatif sur le niveau de fonds propres CET1, du fait d’un niveau de provisionnement beaucoup plus important dû au :
Or, le capital CET1 est très sensible, à la fois pour des raisons d’exigences réglementaires (niveau plancher fixé à 4,5% + coussins de fonds propres) et de communication avec le marché.
Le Comité de Bâle propose ainsi plusieurs solutions à court terme dès le passage à IFRS 9 :
Quelle que soit l’approche retenue, les entités en méthodologie IRB devront retraiter du montant de provisions l’existence d’un éventuel déficit d’EL avant le passage à IFRS 9.
Dans tous les cas, les propositions du Comité de Bâle matérialisent le dilemme actuel entre rechercher davantage de convergence entre les normes comptables et les normes prudentielles, bien qu’assises sur des logiques différentes (respectivement principles-based versus rules-based), et éviter un impact négatif trop important sur le capital réglementaire, alors même que la finalisation du corpus Bâle III ne cesse d’être l’objet de vives critiques à l’encontre du Comité de Bâle avec la crainte d’une augmentation majeure des exigences en fonds propres.
Au-delà de cette gestion à court terme, le Comité de Bâle ouvre également une réflexion plus globale sur le traitement réglementaire des provisions et des EL en proposant des évolutions à plus long terme :
Par cette consultation, le Comité de Bâle aborde une revue que nombre de banques attendaient du fait du tsunami que représente IFRS 9 et de la sensibilité du capital réglementaire, dans une conjoncture économique et réglementaire nécessitant un pilotage de plus en plus fin du capital.
Il reste désormais à voir comment les professionnels du secteur vont réagir face à ces propositions et de quelle manière les délais de mise en œuvre vont pouvoir s’articuler avec les autres révisions en cours, au premier rang desquelles la révision de l’approche standard et des modèles internes du risque de crédit.
Audrey Cauchet
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