Quel avenir pour le Transport et la Logistique après la crise covid-19 ?

Du fait de la diversité et du grand nombre d’acteurs sur ce secteur, la crise covid-19 a eu des impacts très variables sur chacun des acteurs du Transport et de la Logistique. Flightradar24 fait état d'une baisse de 55 % des vols commerciaux par rapport à mars 2019[¹], tandis que les ventes de produits alimentaires dans les supermarchés sont désormais supérieures à celles des magasins de Noël au Royaume-Uni[²], avec une incidence sur la logistique. Pendant cette période, poursuivre les activités est la priorité pour la plupart des entreprises mais, il faut également se tourner vers l'avenir et planifier stratégiquement l'après-crise.

Le secteur du Transport et de la Logistique (T&L) est tellement large qu’il est difficile de de tirer des conclusions généralistes. Il existe de grandes différences entre les différents types d'acteurs, par exemple : le transport de passagers et le transport de marchandises. Divers facteurs doivent également être pris en considération tels que le transport aérien, ferroviaire, routier et maritime. En période de confinement et de restrictions aux frontières, il est également pertinent de faire la distinction entre les acteurs internationaux et les acteurs nationaux. Enfin, il existe plusieurs types de fret : conteneurs, vrac, liquide et général.

Chaque acteur aura besoin d’une solution spécifique et sur-mesure, adaptée à sa situation et son besoin pour faire face à la crise. Toutefois, les entreprises devraient reconsidérer leurs plans stratégiques pour les prochaines années en se posant la question :  "Quels sont les enseignements tirés et qu’est-ce que cela signifie pour mon organisation ?".

Un secteur contrasté

Les entreprises qui ont réussi à s'adapter le plus rapidement à cette situation sans précédent, sont celles qui ont fait preuve d’agilité et repris rapidement leurs activités en utilisant la technologie pour échanger des moyens de transports entre eux et gérer à distance de très grandes opérations.

Les secteurs du e-commerce et ceux du Transport & Logistique sont parmi ceux les moins touchés par la crise. Les fournisseurs de logistique aux supermarchés réalisent également des performances et embauchent actuellement en grand nombre afin de répondre à la demande exponentielle de livraisons de denrées alimentaires.

Cependant, le transport de passagers est le plus sévèrement touché. Des voitures, aux trains et aux avions, en passant par les transports publics, tout est pratiquement à l'arrêt. Le monde du fret a également subi des pertes, notamment à cause du renforcement de la réglementation et des contrôles aux frontières, ainsi que de la perte importante de trafic à destination et en provenance de la Chine. Les coûts associés à ce ralentissement sont énormes et comprennent notamment les traversées à blanc, les avions cloués au sol, les conteneurs qui s'entassent sur les quais et les surestaries.

Des secteurs comme le tourisme, l'hôtellerie, la construction et la restauration sont fortement impactés par la crise sanitaire et, par effet domino, les conséquences se répercutent sur les Transports et la Logistique. Peut-on prédire des conséquences structurelles sur le secteur ? Par exemple, les bateaux de croisière seront-ils aussi populaires à l'avenir qu'ils ne l'étaient dans le passé ?

Se préparer à une nouvelle normalité

Dans tous les cas, les entreprises doivent consacrer du temps et des ressources à la préparation de l'après-crise et à la planification de leur stratégie post-Covid19. Il faudra prendre en considération les nouvelles tendances comme les nouveaux business model, les parcours clients, la réorganisation du travail à distance. Il faudra tenir compte aussi des acteurs qui ont fait faillite et de la recomposition du marché.

Pour mener la réflexion et préparer le chemin vers une normalité nouvelle, voici quelques observations :

  • Le secteur des transports et de la logistique va-t-il revenir à son organisation antérieure ? Jusqu'à présent, nous avons surtout assisté à un "transfert modal" avec le transport routier et maritime qui passent au rail. Pour certaines entreprises de logistique ferroviaire, l'activité est revenue à la normale.
  • Les gens vont-ils se déplacer moins souvent pour leur travail ? Nous pouvons supposer que la vidéoconférence remplacera certainement de nombreuses réunions physiques. Parallèlement, nous pouvons imaginer que les gens voyageront moins, tant au niveau local qu'international, ce qui aura un impact sur les transports publics et les transports de passagers.
  • Les chaînes d'approvisionnement locales pourraient-elles devenir la norme ? Actuellement, les pays ont des difficultés à importer des denrées alimentaires et des biens. Il est donc probable que les autorités reconsidèrent les importations et s’appuient dorénavant sur des sources de production locales afin d'être plus résistantes, au cas où une nouvelle crise venait à se produire à nouveau. Dans le secteur privé, ces considérations sur la chaîne d'approvisionnement seront également importantes pour les entreprises.
  • Faut-il s'attendre à une augmentation du nombre de travailleurs sous contrat Transport & Logistique ? Avoir une activité flexible ainsi que la possibilité de diminuer ou augmenter la main-d'œuvre constitue un avantage pour de nombreuses entreprises. Toutefois, les autorités publiques veulent protéger les travailleurs indépendants, qui ont été parmi les plus vulnérables dans cette crise. Trouver le bon équilibre entre stabilité et flexibilité, adopter de nouvelles méthodes de travail, seront parmi les défis à relever après la crise.
  • Les contrats incluront-ils automatiquement une clause de "force majeure" ? Certains acteurs du secteur des Transports et de la Logistique ont été fortement impactés par l'absence de clause de force majeure dans les contrats. Les discussions autour de ce concept juridique devraient arriver bientôt.
  • Les actifs perdront-ils de la valeur ? Actuellement, la sous-utilisation des actifs immobilisés dans le secteur (les navires et les avions), avec des conséquences lourdes sur les flux de trésorerie, va certainement réduire la valeur de ces actifs.
  • Les installations informatiques peuvent-elles répondre aux exigences de la "normalité nouvelle" ? La fonction informatique est  un facteur de succès essentiel quand elle est flexible et évolutive. Les clients repensent leurs méthodes de travail. Aussi, leurs attentes et leurs exigences seront différentes envers les fournisseurs de services de logistique et de voyage. En outre, les entreprises de Transport et de Logistique avec leurs équipes, vont adopter des méthodes de travail différentes et à distance,  qui pourront rester après la pandémie. Il faudra donc repenser en profondeur et de manière structurelle le paysage informatique de l'entreprise, ce qui nécessitera une vision et une feuille de route. Les systèmes et les applications informatiques sont également concernés car, il faudra assez rapidement passer des anciennes aux nouvelles solutions logicielles. Au préalable, il faut aussi analyser les ressources disponibles, les rôles et la gouvernance nécessaires pour gérer et soutenir l'enjeu de cette transformation numérique.

Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur les effets à long terme de la crise covid-19 dans le secteur des Transports et de la Logistique. À l'évidence, le ralentissement économique a eu des effets positifs sur l'environnement et nous pouvons supposer que le ralentissement du secteur y a contribué. À l'avenir, cela pourra favoriser une plus grande intégration des considérations écologiques et de durabilité dans la planification stratégique pour le Transport & la Logistique.

[1] https://www.flightradar24.com/blog/charting-the-decline-in-air-traffic-caused-by-covid-19/
[2] https://www.business-live.co.uk/retail-consumer/supermarket-sales-smash-christmas-covid-18011745     

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