Mon espace santé : big bang du parcours de soin ?

Février 2022 | Présenté par Olivier Véran comme « une révolution » que la France n’avait pas connue « depuis la mise en place de la carte Vitale », Mon espace santé a été officiellement lancé le 03 février dernier. L’arrivée de ce service public marque une étape importante pour le décloisonnement du parcours patient attendu depuis plusieurs années. Les équipes Santé de Mazars vous aident à comprendre ce que l’arrivée de Mon espace santé va changer et se penchent sur les leviers à actionner pour faire décoller les usages.

La réponse à une demande forte des français

Comme l’a montré l’étude CSA-France Assos Santé « Les français et la e-santé » (juillet 2021), une part importante des français est adepte des services numériques de santé, qui sont désormais ancrés dans leur quotidien, pour ne pas les nommer : Améli.fr, les plateformes de prises de rendez-vous en ligne, etc. 

Dans ce contexte, la mise à disposition d’un dossier médical personnalisé, accessible par les professionnels de santé et par le patient lui-même, cristallise de fortes attentes. L’étude « Les Français et le système de santé », réalisée en décembre 2021 par Mazars et OpinionWay, montre ainsi qu’une part importante des français (60%) souhaite disposer d’un dossier médical numérisé, accessible par les professionnels de santé.

Mon espace santé apporte une réponse directe à ces attentes, en offrant à chacun un service individuel et personnalisable pour stocker et partager ses informations de santé. En lien avec les attentes des français, le service offre de solides garanties concernant la protection des données (sécurité, hébergement en France, etc.), ainsi que la traçabilité et le contrôle des accès (le patient choisit les professionnels qui peuvent accéder à ses données et peut savoir qui les a consultées).

Un outil pour redonner la main aux citoyens sur leur santé

Mon espace santé matérialise l’ambition, portée par « Ma Santé 2022 », de remettre le patient au cœur du soin. Chaque citoyen peut désormais gérer directement ses données de santé, au travers :

  • D’un coffre-fort sécurisé intégrant les documents de santé (ordonnances, résultats d’analyses de biologie, radios, comptes-rendus d’hospitalisation, etc.). A terme, l’objectif est qu’il soit alimenté automatiquement par les professionnels de santé. C’est notamment un des objectifs du Ségur Numérique.
  • D’un profil médical, où chacun peut renseigner ses informations personnelles (historiques de soins, antécédents médicaux, traitements en cours, allergies, directives anticipées, etc.) et ses constantes (glycémie, tension, etc.).

L’alimentation de ce carnet de santé numérique a pour ambition que chacun soit davantage acteur de sa santé. Les retours de l’expérimentation réalisée au second semestre 2021 sur trois départements montrent la simplicité d’utilisation de ces services par les patients. Pour encourager l’accessibilité et l’adoption du service, Mon espace santé sera rapidement disponible sur smartphone. Par ailleurs, un accompagnement spécifique des citoyens les plus éloignés du numérique est prévu et sera notamment réalisé par les conseillers France Services. 

Mon espace santé propose également une messagerie pour fluidifier et simplifier les échanges entre le patient et les professionnels de santé rencontrés dans le cadre de son parcours de soin ; avec l’objectif de faire gagner du temps et faciliter l’expérience du patient : transmission directe d’un renouvellement d’ordonnance, possibilité de répondre à une convocation en amont pour un séjour à l’hôpital, envoi de documents ou de photos sur demande du médecin, etc. L’arrivée de cette messagerie devrait aussi permettre de limiter les pratiques d’échange de documents médicaux entre médecin et patient via des messageries non sécurisées.

L’ambition : améliorer la qualité de la prise en charge et la continuité des soins

Au-delà des échanges avec le patient, l’objectif affiché est que les professionnels puissent s’appuyer sur Mon Espace Santé pour mieux prévenir et mieux soigner.

  • Par un meilleur partage de l’information. L’ensemble des acteurs du soins, du médecin traitant au chirurgien en passant par le pharmacien et le laboratoire d’analyse de biologie médicale disposent d’un accès facilité aux antécédents d’un patient, ses allergies, ses traitements en cours, etc. Au travers d’une meilleure circulation de l’information, c’est la continuité des soins et la cohérence globale du parcours de santé du patient qui devraient être améliorées. On pense également aux cas d’urgences, pour lesquels les professionnels pourront accéder plus facilement et plus rapidement aux informations médicales.
  • Par un suivi des soins plus clair pour le patient. Le service prévient le patient à chaque transmission de document, modification de son dossier médical ou lorsqu’un professionnel accède à ses informations de santé. Par ailleurs, un agenda médical personnel doit être mis en place dans Mon espace santé dans les prochains mois. Cette fonctionnalité renforcera la planification et le suivi des soins, en présentant dans un même espace les rendez-vous médicaux, les alertes de dépistage, les rappels de vaccinations, etc.
  • Par l’amélioration de la prévention. La feuille de route de Mon espace santé prévoit l’arrivée d’un catalogue de services et d’applications référencés par les pouvoirs publics. Ces applications viendront enrichir Mon espace santé de nouvelles données utiles à la prévention : santé du patient (notamment avec les objets connectés), bien-être et autonomie. L’idée est que ce service aide chacun à adopter des comportements favorables à la santé (mode de vie, sensibilisation, hygiène, etc.). Cela devrait également permettre de mieux suivre les patients atteints de maladies chroniques ou ceux en situations de perte d’autonomie. Par ailleurs, le « store » pourra intégrer des services de télémédecine, de prise de rendez-vous en ligne et de préadmission.

Et après ? Quelle appropriation par les acteurs de la santé ?

L’arrivée de Mon espace santé est porteuse de nombreuses promesses pour le patient. L’outil reste néanmoins à inscrire dans le quotidien des professionnels de santé. Comme l’expérience passée du DMP a pu en témoigner, le principal enjeu réside dans l’appropriation par les professionnels.

Au travers du Ségur de la Santé, le Ministère consacre un investissement important pour accompagner la montée en maturité numérique des acteurs et le changement des pratiques vers les nouveaux usages de services numériques. Il investit par ailleurs dans la modernisation des logiciels métiers des soignants, notamment afin de les rendre compatibles et interopérables avec Mon espace santé.

Ces engagements traduisent le volontarisme des pouvoirs publics : ce n’est que par l’appropriation de tous, patients et professionnels, que Mon espace Santé deviendra un outil pivot du parcours de soin.

Nos 5 conseils pour réussir Mon Espace Santé

  • Soutenir l’alimentation de Mon espace santé par les citoyens, plus particulièrement en :
    • Accompagnant les usagers en proximité, notamment les plus éloignés du numérique.
    • Valorisant les apports du service au travers de cas d’usages.
    • Communiquant sur les garanties en matière d’éthique, de souveraineté, de sécurité et de protection des données de santé.
    • Sécurisant l’arrivée des nouvelles fonctionnalités à valeur ajoutée pour le patient : agenda médical personnel, store d’applications.
  • Développer l’interopérabilité avec les outils des professionnels (DPI, LGC, DUI, etc.), pour permettre notamment l’alimentation automatique de MES. Le Ségur du numérique en santé permet de répondre en partie à cet enjeu, au travers de financements visant à accélérer la mise en conformité des solutions logicielles utilisées par les professionnels des secteurs de la santé et du médico-social.
  • Intégrer de façon progressive l’alimentation de MES dans les objectifs qualité des structures en ville (MSP, CPTS…), à l’hôpital et dans le médico-social. Cette démarche s’inscrirait dans le prolongement logique des programmes de financement directs des acteurs lié à l’atteinte de cibles d’usage (SUN-ES, ESMS numérique, …)
  • Créer une fonction dématérialisation de la relation usagerdans les structures (ou Délégué au Partage des Données). L’arrivée de Mon espace santé permet de repenser la relation avec l’usager, avec l’enjeu de s’appuyer sur la dématérialisation pour améliorer l’accessibilité, simplifier la relation patients-professionnels et renforcer la participation de chacun à son parcours de soin et d’accompagnement.
  • Evaluer rapidement les effets concrets de l’arrivée de Mon espace santé, sur l’amélioration de la qualité des soins et la fluidité des parcours. Dans un premier temps, ces observations pourraient être réalisées à partir des retours des 3,3 millions d’assurés de la Somme, de Haute-Garonne et de Loire-Atlantique, qui utilisent MES depuis août 2021. Si le service semble avoir été bien accueilli par les patients de ces départements (faible opposition à la création, niveaux d’utilisation encourageants), ses effets sur l’amélioration de la qualité des soins demeurent à étudier. Cette démarche d’évaluation permettrait de répondre aux réserves exprimées par certains professionnels de santé.

Loïs Martin, Manager Numérique en Santé, Mazars

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