Restructuration d’entreprise : qu’en pensent les salariés ?

Le 25 juillet 2022 |
Les restructurations se sont accélérées en raison de la crise sanitaire. La restructuration d’une entreprise vise à améliorer sa production et à développer de nouvelles activités pour répondre à la demande engendrée par un marché naissant. Généralement bénéfique à long terme, une restructuration peut néanmoins déstabiliser l’organisation du travail d’une entreprise. Comment cette transformation est-elle vécue par les salariés ?

Des transformations omniprésentes et inégalement perçues

La transformation des organisations s’accélère depuis la crise sanitaire, notamment sur les volets numérique et foncier. Les enjeux environnementaux conduisent également les entreprises à réorganiser leurs activités. Ainsi, près d’un salarié sur deux1 déclare connaître actuellement une ou plusieurs transformations au sein de son entreprise. Ce chiffre varie selon la catégorie professionnelle ou le secteur d’activité : à titre d’illustration, 72%2 des cadres du secteur privé perçoivent ces mutations contre 55%3 des salariés du public.

En réponse à ces changements, les collaborateurs demandent plus de communication, de transparence et d’accompagnement. Pour preuve, 52%4 des salariés, dont une majorité de femmes5, souhaitent voir le bien-être au travail favorisé notamment par l’action des partenaires sociaux dans le cadre d’une transformation de leur entreprise. Ces aspirations semblent progressivement entendues. Le fait que 24%6 des entreprises introduisent cette année une stratégie visant à améliorer le bien-être mental ou émotionnel de leurs collaborateurs le démontre.

Néanmoins, seule une minorité de salariés juge cette transformation « heureuse ». Cela concerne particulièrement les managers7 et les salariés ayant plus de 20 ans d’ancienneté8. À l’inverse, 83%9 évoquent une transformation « attentiste » : ils ne se prononcent pas nettement sur la ou les transformations en cours ou considèrent que cela n’est ni une bonne ni une mauvaise chose. C’est notamment le cas des 18-34 ans10 ou des salariés avec peu d’ancienneté11 qui n’occupent pas de position managériale.

Pallier les réticences par l’accompagnement et la communication

Globalement, les salariés portent un jugement très mitigé sur ces restructurations. Certes, elles sont rarement mal vécues : seuls 5% estiment se trouver dans une transformation « cauchemar ». Pour autant, elles restent moins bien vécues par les ouvriers11 que par les managers12. En revanche, de façon générale, les transformations ayant pour objectif d’améliorer l’impact social et environnemental d’une entreprise trouvent particulièrement grâce aux yeux des collaborateurs.

Seulement, les objectifs des transformations sont parfois en inadéquation avec les attentes des salariés, en particulier les plus jeunes13 : nombre d’entre eux14 affirment que ces changements sont source de stress dans leur travail et se déclarent inquiets face à cette situation15. Alors qu’ils attendent surtout de ces transformations un meilleur confort et une meilleure qualité de vie au travail, les salariés sont lucides quant au fait que les entreprises ont de toutes autres priorités, à commencer par la rentabilité16 et la performance17

Bien que les salariés se tiennent majoritairement informés des transformations en cours, ils sont peu nombreux à se sentir suffisamment accompagnés18. Si ce ressenti est différent selon le niveau hiérarchique, notamment chez les managers19, davantage motivés par ces restructurations, une part non négligeable de salariés20 souhaite être mieux accompagnée, notamment en raison de la transformation des pratiques managériales.

Un non-sujet pour les salariés non confrontés aux transformations

Les salariés n’étant pas confrontés à ces restructurations accordent peu d’intérêt au sujet. A ce titre, moins d’un salarié sur deux21 considère qu’une transformation améliorant l’impact social et environnemental de son entreprise est une bonne chose. Cette adhésion est encore plus faible lorsqu’il s’agit des transformations relatives au management22 et à l’immobilier23 .

Selon la majorité de ces salariés24 non concernés, la crise sanitaire n’a pas constitué un frein dans l’éventuelle réalisation de restructurations. Leurs attentes restent cependant sensiblement les mêmes que celles des collaborateurs connaissant une transformation dans la mesure où ils désirent avant tout une meilleure qualité de vie au travail24 ainsi que plus d'autonomie et de flexibilité dans leur activité25.

En somme, les salariés sont divisés quant à l’apport d’une restructuration : près d’un tiers25 d’entre eux ne parvient pas à se positionner sur ce sujet. A cela s’ajoute une asymétrie entre les objectifs des entreprises et les attentes des collaborateurs. Malgré tout, la transparence et l’accompagnement constituent des leviers efficaces à la fois pour convaincre les salariés de la nécessité de ces transformations et pour les embarquer afin de les rendre acteurs du changement.

 

1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22,23,24,25 Etude « La restructuration des entreprises du point de vue des salariés » réalisée par Mazars (juin 2022).

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