Le succès du financement participatif illustre les nouvelles attentes des épargnants

Le 7 avril 2021 |
La crise économique et sanitaire joue un rôle d’accélérateur pour le financement participatif qui répond bien aux attentes actuelles de transparence et de proximité des épargnants. Loin d’être un effet de mode, c’est une tendance de fond qui émerge donc en matière de financement.

En 2020, la collecte réalisée sur les plateformes de financement participatif a dépassé pour la première fois le milliard d’euros en France. Cette collecte a augmenté de 62 % par rapport à 2019 avec en particulier une explosion des campagnes de don sans récompense : + 459 %1. Ces chiffres montrent la spectaculaire vitalité du crowdfunding malgré la crise qui a sévèrement frappé l’activité économique.

La crise sanitaire est en partie à l’origine de ce succès, les campagnes de don sans récompense à destination d’associations ou de personnes en difficulté s’étant multipliées en raison du Covid-19. De même, l’appui aux entreprises fragilisées (à commencer par celles frappées de fermeture administrative) a pu être observé durant cette période avec un éventail large de solutions, de la campagne solidaire aux minibons en passant par le crédit de trésorerie. Mais aussi, de manière symbolique, avec la possibilité pour les intermédiaires en financement participatif de distribuer des prêts garantis par l’État. Ces facteurs conjoncturels n’expliquent pas tout, et derrière le dynamisme du crowdfunding on est tenté de voir une tendance de fond.

Le citoyen acteur de son territoire

La vigueur extraordinaire du crowdfunding nous incite à approfondir notre réflexion sur l’adéquation des circuits d’épargne et de financement. Le financement participatif s’articule aux attentes de transparence et de proximité avec un mode de fonctionnement, tant pour l’épargnant que pour le porteur de projet, expurgé d’une certaine complexité dont la finance traditionnelle est parfois coutumière. Il répond au souhait de mieux « flécher » l’argent que l’on envisage de placer vers des projets concrets et souvent proches géographiquement.

Le crowdfunding permet donc de donner du sens à son épargne, d’autant plus qu’il est très imprégné de la dimension ESG, et d’autant mieux qu’il bénéficie d’une facilité d’accès due au digital ainsi qu’à la faiblesse de son ticket d’entrée. En pointe sur les sujets liés aux dynamiques territoriales ou au développement durable, le financement participatif embarque aussi la notion de bien commun. Sa vertu : établir un lien concret entre le citoyen financeur et le territoire. Le particulier détient en effet une opportunité d’exercer une influence (positive) dans son écosystème de proximité.

En complémentarité avec les banques et les fonds d’investissement

Autre constat : le triptyque banque – fond d’investissement – plateforme de financement participatif s’installe durablement. Le crowdfunding est tiré par la demande croissante des entreprises. Qu’il s’agisse de renforcer les fonds propres des TPE-PME-ETI ou encore financer la croissance des entreprises innovantes, le financement participatif s’accorde avec les modes d’intervention du secteur bancaire. Jouant indéniablement un rôle de financeur alternatif, le crowdfunding intervient de plus en plus en complémentarité avec les banques et les fonds d’investissement dans les territoires. Les projets dans les circuits courts, l’économie circulaire ou l’immobilier durable, par exemple, trouvent de vraies perspectives de financement dans cette approche complémentaire.

Mais deux défis restent à relever pour l’avenir

Comment faire de cette évolution un mouvement pérenne ? Disons-le, l’équilibre de la finance participative est dépendant tout autant de l’intérêt des financeurs-épargnants que des porteurs de projets qui y recourent. Deux défis doivent donc être relevés. En premier lieu, le crowdfunding a besoin d’attirer vers lui l’épargne des Français. On ne peut que se réjouir à ce sujet des apports de la loi PACTE qui ouvre les avantages du PEA-PME aux titres émis dans le cadre de prêts participatifs accordés aux entreprises : obligations à taux fixe, minibons, titres participatifs. Second défi : mieux faire connaître le crowdfunding auprès des dirigeants, des DAF ou encore auprès des trésoriers.

La dimension prescriptive relie ces deux injonctions : il apparaît de manière évidente que les experts-comptables, en tant que partenaires privilégiés des chefs d’entreprise, ont un rôle prépondérant à jouer en la matière en lien avec leur environnement professionnel local (régions, CCI, organisations patronales). Les CGP et les banquiers pourront, quant à eux, intégrer davantage le crowdfunding dans la stratégie patrimoniale de leurs clients. Ces défis sont de taille mais, n’en doutons pas, le financement participatif a indéniablement un avenir au service des porteurs de projets et une place à conquérir dans le portefeuille des épargnants.

1 Baromètre 2020 du crowdfunding en France par Mazars et Financement Participatif France (FPF) (février 2021)

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