Armé face à la crise, le BTP résiste

Le 31 juillet 2020 |
Nouvelle année de croissance, développement de l’internationalisation, intensification de la diversification, recul de l’endettement net… Les majors européens du BTP ont réalisé de belles performances en 2019. Une ascension freinée dans son élan par le Covid-19, dont les conséquences ont fortement impacté le marché de la construction. Quels ont été les premiers effets de la crise sanitaire pour las acteurs du secteur ? Sont-ils armés pour affronter la crise ?

2019, une année de performance pour le BTP européen1

En croissance pour la troisième année consécutive, les majors européens du BTP sont sortis renforcés de l’année 2019 avec une hausse moyenne de leur chiffre d’affaires de 4,5% par rapport à 2018. Parmi ces acteurs, les groupes français se sont distingués grâce à leur croissance nettement supérieure à la moyenne européenne (7,9%) et de par leur surreprésentation dans le top du classement : Vinci, Bouygues et Eiffage y occupant respectivement les première, troisième et quatrième places.

Ce sont cinq principaux facteurs qui, cumulés, expliquent les raisons de la bonne performance du BTP européen en 2019, et plus globalement, au cours des dernières années. Premièrement, les groupes ont accentué leur internationalisation au point que 56% de leur activité ait été réalisée à l’étranger en 2019. Ces entreprises ont par ailleurs poursuivi leur stratégie de croissance externe en réalisant de nombreuses opérations, à l’instar de l’acquisition par Vinci de 50,01% des parts de l’aéroport de Londres-Gatwick et du rachat par Eiffage de 49,9% des parts de l’aéroport de Toulouse-Blagnac.

Autre raison de cette bonne santé économique : la signature de grands contrats internationaux qui a permis aux carnets de commande de progresser de 3,5% en 2019 au point d’atteindre leur plus haut historique à l’issue de quatre années de croissance consécutives. Enfin, se sont ajoutées deux autres bonnes nouvelles au tableau : d’une part, le renforcement de la solidité financière des acteurs du BTP, dont la trésorerie s’est développée de 40% en cinq ans, de l’autre, le fort recul de l’endettement net, quant à lui en régression de 38%2 au cours des cinq dernières années.

Les résultats du deuxième trimestre révéleront les effets réels de la crise

Avec une croissance moyenne de 2,2%, les conséquences de la crise sanitaire ont faiblement marqué l’activité des groupes français au premier trimestre 2020. En effet, leur large couverture géographique mise en perspective avec la forte part de chiffre d’affaires réalisée à l’étranger couplée à l’hétérogénéité des règles de confinement d’un pays à l’autre a permis aux majors français du BTP de maintenir un niveau d’activité soutenu en début d’année.

Toutefois, la tendance actuelle est sans surprise à la décélération, au ralentissement de la performance : pour preuve, Vinci, Bouygues et Eiffage présentent déjà un recul moyen de 2,7% de leur activité par rapport au premier trimestre 2020 : -6,3% pour le BTP, -8,9% pour la route, -14,8 % pour l'immobilier. Il faut donc s’attendre à ce que les résultats du deuxième trimestre révèlent des effets notables, qu’il conviendra d’analyser au regard des mesures prises par les Etats en soutien aux acteurs du secteur, qu’il s’agisse de plans de relance dans le BTP ou de la poursuite des grands travaux.

Si leur prospérité financière des dernières années a permis aux majors européens de résister, cette robustesse d’avant crise est également due à d’autres atouts : notamment la multidisciplinarité, la capacité d’innovation et le haut niveau de digitalisation de ces entreprises, toutes très agiles. Reste à espérer, sous peu, la reprise progressive de l’activité du secteur qui, malgré tout, reste tendu et à risque. Même pour ses géants.

1Etude Mazars « Les majors européens du BTP sont-ils armés pour affronter la crise ? »

2 En dehors des groupes dont l’activité de concession a poursuivi ses investissements

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